Un demi-siècle
Un demi-siècle. C'est le temps qu'il aura fallu à l'artiste américain Michael Heizer pour bâtir sa "City". Un demi-siècle à creuser, terrasser, construire, aplanir, démolir, reconstruire, déplacer, replacer, soulever, arpenter, creuser à nouveau, puis construire, construire encore, construire toujours. Un demi-siècle de labeur. Un travail de titan. Un travail de fourmis surtout. "City" n'a rien à voir avec l'éponyme quartier londonien, c'en serait même l'exact opposé en termes de bruit et de fréquentation. Dans cette sculpture-ville, pas d'ordinateur, pas d'écran plat, pas de façade de verre, pas de trader pressé, pas de berline de luxe, pas de restaurant, pas de vitrine éclairée la nuit. Place aux éléments primordiaux: la terre et le ciel. Tout le reste semble ici avoir été pulvérisé, y compris cette mystérieuse ligne d'horizon sans début ni fin qui nous interpelle depuis la nuit des temps, pulvérisé comme s'il s'agissait de nous ramener à ces jours sinistres d'août 1945. "City" n'est donc pas une ville à proprement parler mais pourrait bien être une sculpture de ville morte. L'oeuvre s'intitule ville, s'apparente à de l'architecture, mais le résultat c'est bien de la sculpture (Heizer l'a suffisamment répété). Une sculpture mémorielle donc. Un monument si l'on veut ; comme on en trouve aux quatre coins du monde, érigés depuis toujours et par toutes les civilisations connues à ce jour. Certains vont jusqu'à parler d'un mausolée de Heizer, mais laissons-leur la paternité de ce fantasme disproportionné. Car si cette oeuvre est réellement un mausolée dans l'esprit de l'artiste, alors nous sommes tous concernés par cette archéologie du futur.
OBSART, 25/08/2022
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Visuel:
Un demi-siècle. C'est le temps qu'il aura fallu à l'artiste américain Michael Heizer pour bâtir sa "City". Un demi-siècle à creuser, terrasser, construire, aplanir, démolir, reconstruire, déplacer, replacer, soulever, arpenter, creuser à nouveau, puis construire, construire encore, construire toujours. Un demi-siècle de labeur. Un travail de titan. Un travail de fourmis surtout. "City" n'a rien à voir avec l'éponyme quartier londonien, c'en serait même l'exact opposé en termes de bruit et de fréquentation. Dans cette sculpture-ville, pas d'ordinateur, pas d'écran plat, pas de façade de verre, pas de trader pressé, pas de berline de luxe, pas de restaurant, pas de vitrine éclairée la nuit. Place aux éléments primordiaux: la terre et le ciel. Tout le reste semble ici avoir été pulvérisé, y compris cette mystérieuse ligne d'horizon sans début ni fin qui nous interpelle depuis la nuit des temps, pulvérisé comme s'il s'agissait de nous ramener à ces jours sinistres d'août 1945. "City" n'est donc pas une ville à proprement parler mais pourrait bien être une sculpture de ville morte. L'oeuvre s'intitule ville, s'apparente à de l'architecture, mais le résultat c'est bien de la sculpture (Heizer l'a suffisamment répété). Une sculpture mémorielle donc. Un monument si l'on veut ; comme on en trouve aux quatre coins du monde, érigés depuis toujours et par toutes les civilisations connues à ce jour. Certains vont jusqu'à parler d'un mausolée de Heizer, mais laissons-leur la paternité de ce fantasme disproportionné. Car si cette oeuvre est réellement un mausolée dans l'esprit de l'artiste, alors nous sommes tous concernés par cette archéologie du futur.
OBSART, 25/08/2022
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Visuel:
e-cover du tout dernier article de Michael Kimmelman consacré à Michael Heizer, publié dans The New York Times le 19/08/2022 (édition numérique) et le 24/08/2022 (édition papier)
Entretien avec Franck Ancel (vidéo 54 min 31) :
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