Broken Circle (detail), Emmen, Holland. Photo: OBSART, 15/08/09 |
You were aware
of Michael Heizer’s 340-ton boulder that the
company Emmert International is about to move from the Stone Valley Quarry (Riverside,
Calif.) to LACMA, the largest art museum in the
western United States located in the
heart of Los Angeles.
But you may have forgotten the one Robert Smithson discovered during the making of his Broken Circle/Spiral Hill (Summer 1971), in a sand quarry in Emmen (Holland),
that he never succeeded in getting it to
be moved despite its “low” weight: a few tens of tons “only”.
This moraine-block
even became his “dark spot of Exasperation”, confessed the American artist. Let’s wager that it will not be the same to Michael Heizer–who should be not so far from the
“E-Point,” given the incessant postponements stopping the completion of Levitated Mass. And let’s add the
public, waiting for nearly six months the arrival
of the giant monolith.
The situation is almost comical. Indeed, while his erstwhile friend Robert Smithson dreamed of the disappearance of this unforeseen boulder in 1971, Michael Heizer
probably dreams of only one thing 40 years after : that
his lovely rock to be finally installed atop the 456-foot long trench awaiting on the North Lawn of the Resnick Pavilion on
the LACMA, and meet
one’s (never)end...
In the end, both pioneers
of the Great Western meet here. One almost forget the differences they have experienced in the past, at the heroic time of Land Art’s
emergence, finding themselves now, but behind their back, in a common
“site/non-site” situation (or rather rock/non-rock) where the “negative” waves
seem to heading the field!
Vous connaissiez le rocher de 340 tonnes de Michael Heizer que la société Emmert International s'apprête à déplacer de la carrière de Stone Valley (Riverside, Californie) jusqu'au LACMA – le plus grand musée d’art de l’Ouest des Etats-Unis, situé en plein cœur de Los Angeles.
Mais vous avez peut-être oublié celui que Robert Smithson a découvert, lors de la réalisation de son Broken Circle/Spiral Hill (été 1971) dans une carrière de sable à Emmen (Pays-Bas), et qu’il n'a jamais réussi à faire déplacer malgré son « faible » poids : quelques dizaines de tonnes « seulement ».
Ce
bloc morainique est même devenu, de l’aveu de l’artiste américain, son
« point noir d'Exaspération ». Gageons qu'il n'en sera pas de même
pour Michael Heizer – qui ne doit plus être très loin du « point E »
compte tenu des incessants reports de calendrier empêchant la finalisation de Levitated Mass – et on peut ajouter le
public qui attend depuis près de six mois l’arrivée du gigantesque monolithe.
La situation est plutôt cocasse. En effet, tandis que son ami de naguère, Robert Smithson, rêvait en 1971 de voir disparaitre ce rocher qu’il n’avait pas prévu dans ses plans, Michael Heizer, lui, ne rêve probablement plus que d’une chose 40 ans après : que son joli rocher soit enfin installé au-dessus de la tranchée de 140 m qui l’attend, sur la pelouse Nord du Pavillon Resnick du LACMA, et qu’il y reste pour l’éternité...
Mais finalement, les deux pionniers du grand Ouest se rejoignent ici. On en oublierait presque les différends qu'ils ont connus jadis, à l’époque héroïque de l’émergence du Land Art, les deux artistes se retrouvant à présent, mais bien à leur insu, dans une situation partagée « site/non-site » (ou plutôt rock/non-rock) où les ondes « négatives » semblent vouloir tenir le haut du pavé !
La situation est plutôt cocasse. En effet, tandis que son ami de naguère, Robert Smithson, rêvait en 1971 de voir disparaitre ce rocher qu’il n’avait pas prévu dans ses plans, Michael Heizer, lui, ne rêve probablement plus que d’une chose 40 ans après : que son joli rocher soit enfin installé au-dessus de la tranchée de 140 m qui l’attend, sur la pelouse Nord du Pavillon Resnick du LACMA, et qu’il y reste pour l’éternité...
Mais finalement, les deux pionniers du grand Ouest se rejoignent ici. On en oublierait presque les différends qu'ils ont connus jadis, à l’époque héroïque de l’émergence du Land Art, les deux artistes se retrouvant à présent, mais bien à leur insu, dans une situation partagée « site/non-site » (ou plutôt rock/non-rock) où les ondes « négatives » semblent vouloir tenir le haut du pavé !
Video, Broken Circle/Spiral Hill [1971 - 2011]
Broken Circle.nlJames Cohan Gallery (PDF)
Land Art Contemporary
SKOR | Foundation for Art and Public Domain
OBSART
LOUVRE | Land Art & Cinéma (27.01.12)
Read also (bilingue)
Stonehenge, Levitated Mass (-5000, 2012)
Immobile Rock
Ends of the Earth | Aux confins de la terre
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340 grammes déplacés during Levitated Mass by Michael Heizer
Très discutable ce genre de projet gigantesque. Cela se comprenait dans les années 70, ça se comprends beaucoup moins maintenant. On a calculé le bilan carbon de cet affaire? Je pense que ce genre de manifestation est complètement "has been". À l'heure actuel il est peut être plus d'avant garde de pratiquer un art "recyclable" responsable au niveau écologique. Dans les cadre des manifestations s'inscrivant dans le cadre du "Land art" je préfère de loin le travail des artistes comma Goldsworthy et Long: un minimum de moyens pour poser les bonnes questions, contrairement à Heizer qui semble privilégier la formule +=+
RépondreSupprimerUn petit retour... 8,5 ans plus tard! En fait, la réponse ci-dessous, faite à votre commentaire ci-dessus, n'a pas pris une ride. Toujours pleinement assumée. Mettre dos à dos les artistes n'a pas beaucoup de sens. Chaque artiste produit une œuvre, plus ou moins durable. Toute œuvre, si importante soit-elle, finit tôt ou tard par disparaître. Tout est voué à disparaître. Vanités. Certaines, toutefois, remontent parfois à la surface du temps long. Les temples Maya et quantité d'architectures anciennes issues de civilisations ancestrales sont (encore) là pour nous le rappeler. C'est ce qui a fasciné, à la fin des années 60, nombre d'artistes et en tête ceux qu'on a regroupé sous la dénomination Land Art. Il est clair que Michael Heizer se positionne sur ce temps long et ses artefacts. On peut prendre cet artiste pour un grand mégalomane, et il l'est évidemment, mais il est aussi autre chose. Il nous dit autre chose que la seule exposition de son nombril. Il offre à la terre, à l'humanité toute entière, une œuvre faite pour traverser les ans. De son aveu, Levitated Mass est envisagée pour perdurer 3500 ans. Il faut oser le dire! Il fallait oser imaginer une chose pareille au XXème siècle, un siècle où nous regardions encore le monde par le petit bout de la lorgnette, un monde du temps court où le jetable était le maître étalon. Dans 10 ans, 100 ans, et j'ose le dire 1000 ans, on parlera encore de Michael Heizer. Et c'est peut-être grâce à des oeuvres comme Levitated Mass qu'on continuera à s’intéresser à ce que veut nous dire Andy Goldworthy.
SupprimerN'oublions pas que Richarg Long prend de gros avion pour aller faire ses voyages autour du monde, et ce depuis plus de 40 ans. Tout ceci est à notre sens un faux débat. Heizer travail sur le très long terme, ce n'est pas faute de l'avoir dit et redit. Son bilan carbone est microbien à l'échelle de la vie de l'univers... Et c'est bien d'échelle et de temps, en plus de masse, dont il est question dans son œuvre, et ce depuis la fin des années 60. Il y aurait les bonnes questions et les mauvaises questions ? Attendons de voir comment Doug Pray, dans le film documentaire, intitulé CRITICAL MASS, qu'il est en train de préparer sur le déplacement du rocher envisagera toutes ces questions. Il n'est pas du genre à faire dans le consensuel, ça risque d'être fort intéressant. Quant au bilan carbone, il ne nous semble pas vraiment être le sujet ici. Si on veut vraiment creuser (sans mauvais jeu de mot) celui-ci, mieux vaudrait se tourner vers d'autres domaines de compétences que ceux propres au monde de l'art. Heizer et surtout Smithson se sont très tôt intéressés au sujet, et il est profondément injuste de leur jeter la pierre aujourd'hui, quarante ans après, en élevant Goldsworthy et Long au rang de Saints. Il y aurait les gentils environnementalistes contre les méchants earthworkers ? Quid des milliards de mètres cubes de béton coulé dans nos villes pour réaliser des projets qui sont souvent refait et refait encore ? C'est un peu court, et les vrais problèmes écologiques sont de toute façon bien ailleurs, on les connait : pollution des nappes, sur abondance de mal-bouffe dans les pays riches, pesticides, extinction des abeilles, OGM, toujours les mêmes famines dans les pays pauvres, développement frénétique de la consommation électrique mondiale (...) et, in fine, absence totale de vision à long terme. Mettre en perspective des pratiques artistiques différentes, c'est intéressant ; mais mettre dos à dos des artistes majeurs qui ont beaucoup apporté à l'histoire de l'art et marqué tant d'artistes d'aujourd'hui (à commencer par Régis Perray) cela ne nous parait pas particulièrement constructif. Propos somme toute négatif, mais qui finalement ressemble à une "ruine à l'envers", pour reprendre les mots de Smithson. Toujours lui.
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